Cercle Zetetique

Droit de réponse au "droit de réponse" des naundorffistes

par Paul-Éric BLANRUE

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Paul-Éric BLANRUE
12, rue David-Dietz
57000 METZ
Tél.- Fax : 03. 87. 63. 58. 59.
e-mail : blanrue@zetetique.ldh.org

à

L'Institut Louis XVII
3, rue des Moines
75017 Paris

Metz, le 19 janvier 1999.

Monsieur, Madame,

Je vous remercie de me communiquer un exemplaire du "droit de réponse" que vous me destinez dans votre bulletin.

L'expression "droit de réponse" ne me semble guère convenir en l'occurrence, car je ne cite qu'une seule fois votre petite association (portant le nom, que je trouve prétentieux, d'Institut), mais peu importe. Mettons que vous parliez au nom de votre prince.

Votre article commence malheureusement par une bourde incroyable qui démontre que vous ne m'avez pas lu correctement et que vous ne savez pas de quoi vous parlez. Vous écrivez que je diffuse sur un site internet un "résumé de 32 pages" de mon livre consacré à Louis XVII. Or, si j'ai bien écrit un livre sur la question, (Le mystère du Temple : la vraie mort de Louis XVII, Claire Vigne, 1996) l'article d'internet est une reprise intégrale du chapitre que j'ai consacré à Naundorff et non une quelconque synthèse de mon ouvrage destinée aux internautes. Il aurait fallu commencer par me lire calmement et à fond. Cette erreur confondante devrait suffire à discréditer tout l'article que vous me consacrez.

Vous écrivez aussi que le Cercle Zététique (que je dirige) est une association "connue pour son esprit rationaliste outré et athée". "Rationaliste" ? Peut-être, encore que "rationnel" me suffise. "Outré" ? Je ne vois pas en quoi, c'est une assertion gratuite et de pure polémique. Mais "athée", je me demande bien ce qui vous permets de le dire ! Reportez-vous à notre FAQ postée sur le même site, qui est très claire sur ce point.

Je ferais partie du camp des "soi-disant historiens" ? Sachez, pour votre gouverne, que je ne le suis pas seulement par prétention personnelle, comme les naundorffistes que vous êtes, mais par formation, par diplômes, par pratique et enfin par métier. Tenez-vous le pour dit, même si cela vous dérange.

Il est enfin assez drôle que vous m'accusiez d'être un vulgaire "compilateur", alors que la compilation constitue justement votre fonds de commerce et que, contrairement à d'autres, mais il faut avoir lu tout mon livre pour s'en rendre compte, j'apporte de nouveaux éléments au dossier, par exemple le témoignage du père Bole, confesseur du comte de Chambord, retrouvé par moi aux archives des Jésuites de Vanves.

Sur le fond, vous ne me répondez malheureusement pas. Vous ergotez. Vous ne reprenez d'abord qu'une seule partie des arguments que j'utilise contre Naundorff. Ensuite, vous "oubliez" mystérieusement de répondre à mes arguments en faveur de la mort du petit roi au Temple ( = de la page 21 à la page 172 de mon livre).

Concernant le prénom Charles, vous semblez oublier que le petit roi signait bien "Louis-Charles" et que Naundorff prétendait s'appeler réellement Charles-Louis et non Louis-Charles, ce qui est faux. De plus, pas besoin d'être "derrière" Naundorff pour savoir qu'il avait lu l'Almanach de 1786, puisque l'aveu se trouve dans la lettre qu'il écrivit à Albouys le 28 novembre 1834. Il faudrait connaître vos classiques.

L'absence de papiers. Ce que vous dites n'est pas clair. Qui accusez-vous et sur quelle base documentaire ? Caroline Albouys n'a pas trouvé les papiers que N. lui avait promis, c'est amplement suffisant pour douter du bien-fondé des propos de votre prince.

Le refus de la duchesse d'A. Je ne conteste pas que Naundorff ait voulu cet entretien. Que voulez-vous prouver avec cet argument ? Que La Rochefoucauld soit tombé dans le panneau ne légitime pas les prétentions de N. Il n'a pas assisté à l'attentat, donc il fait son rapport en se fondant sur ce qu'a dit N. C'est un témoin de deuxième main. Où sont les preuves ?

Le procès Thomas. Que dis-je d'autre que ce que vous écrivez ? Je n'ai jamais nié que Thomas avait été attaqué par N.

Les lettres de Laurent. Vous semblez concéder qu'on ne peut les utiliser pour démontrer l'évasion. Très bien. Je suis d'accord. C'est un faux d'origine naundorffiste.

L'expulsion de N en 1836 d'après une loi révolutionnaire. Qui dit le contraire ? Pas moi. Que voulez-vous prouver avec cet argument ? Il se retourne contre vous, puisqu'il existait une loi interdisant le séjour en France des aînés des Bourbons, qui n'a pas été utilisée pour l'occasion.

La crise mystique. Vous dites en somme que Naundorff est fou parce qu'il a été maltraité dans sa petite enfance passée au Temple. J'envisage pour ma part une autre possibilité : il est fou, donc il se prend pour Louis XVII. Pourquoi éluder systématiquement cette alternative, comme vous le faites ?

Les inventions. Grandes ou petites, je ne vois pas ce que cela change quant à l'identité de N.

Les marques physiques. Relisez encore une fois vos classiques, le Dr Stuyt par exemple qui explique fort bien tout cela. Vous ne savez pas d'où viennent les "piqûres" ? Vous les cherchez dans Mme de Rambaud, où elles ne sont pas, car la dame n'a pas assisté à l'opération contrairement à ce qu'elle prétend. Les "piqûres" proviennent du Journal de Paris du 17 mai 1788, où figure le bulletin officiel des médecins. Voyez aussi le bulletin de santé délivré par les médecins le 25 mai.

Concernant Louis XVII et la variole, j'écris d'abord que "le duc de Normandie fut inoculé", puis j'écris que le petit roi a été "vacciné". L'expression de "vaccination" a été employée lors du procès de 54, puis dans l'arrêt de la cour d'appel, sans susciter de protestation particulière des avocats de votre camp. Concernant N., je vous concède bien volontiers que le mot "autopsie" est impropre et qu'il faudrait lui substituer l'expression "examen mortuaire". De là à m'accuser de "faux" !...

Les médecins parlent de traces de gaz, c'est juste. Dommage que vous ne disiez pas où. Car ce n'est pas sur le bras, mais sur la poitrine !

Lorsque j'évoque les "Mémoires" de N., j'entends bien sûr les deux récits qui se contredisent (relisez mon texte), ce que vous faites semblant de ne pas comprendre. J'attends toujours que vous en produisiez une édition -et qui plus est : une édition critique.

Les papiers donnés par N. à Lecoq ? Où sont vos preuves, svp ? En 1834, N. écrira qu'il était "muni de toutes les pièces attestant de son origine". Quelle contradiction !

Le témoignage de Poulain du Fays date de 1835. Un peu tard pour des faits se rapportant à 1810. Il raconte d'ailleurs qu'à cette époque N. était détenu en Prusse, alors que celui-ci ne le fut que plus tard. Inconsistant.

Le pseudo-témoignage du marquis de la Roche-Aymon est encore moins fiable, puisque nous ne possédons aucun papier de sa part et qu'il faut nous contenter de la parole (douteuse) de Laprade.

L'enfant enterré à Ste Marguerite n'est pas Louis XVII. Certes ! Je le sais si bien que je consacre un chapitre entier à cette question dans mon livre... que vous n'avez manifestement pas lu faut-il le répéter ! Tout le problème, c'est qu'il ne s'agit pas non plus du corps de l'enfant autopsié au Temple, puisque l'âge n'est pas le même !

L'expertise Locard. A part le fait que vous estimiez que les livres de Decaux et Castelot démontrent l'identité de N., ce que les auteurs eux-mêmes contestent aujourd'hui, je suis une nouvelle fois, est-ce possible, d'accord avec vous. Il serait intéressant néanmoins que vous nous expliquiez pourquoi ces historiens sont revenus sur leur conclusions. Ils font eux aussi partie du "grand complot" ?

D'accord aussi sur le coeur de Pelletan. C'est bien le coeur "présumé" de Louis XVII. Où voulez-vous en venir ? Que contestez-vous ?

Sur Roche, je pense, contrairement à vous, que la personnalité de ce triste sire explique en grande partie la méthode qu'il utilise. J'attends d'ailleurs toujours qu'il m'attaque en procès pour avoir révélé sa véritable identité (je l'ai accusé publiquement d'utiliser de faux titres, comme son prince).

Les reconnaissances de Louis XVII. Vous êtes dans l'erreur. J'ai prouvé dans mon livre que parmi les personnes qui l'ont reconnu mort de nombreuses l'avaient déjà vu auparavant, vivant. Et les reconnaissances du corps ont commencé avant l'autopsie, contrairement à ce que vous supposez. Voyez Damont, voyez Gourlet, voyez Darlot...

Le nom de Bourbon n'est pas une preuve de l'identité de N., puisque, comme je l'écris, "tout acte d'état civil rédigé dans les règles à l'étranger fait foi sur notre territoire".

Van Buren était une dupe de plus. Produisez-moi les "pièces officielles indiscutables" dont vous parlez.

Le naevus maternus. Prouvez-moi que Louis XVII le portait. Vous en êtes incapables. Pour l'attester, vous vous réfugiez dans l'opinion des faux dauphins ! C'est extravagant.

L'habit bleu. Vous vous contredisez sans vous en apercevoir. Vous commencez par me sommer de vous montrer "un seul portrait de Louis-Charles en robe" et deux lignes plus bas... vous me concédez qu'un tel portrait existe. Réveillez-vous ! Vous semblez tout ignorer des traditions de l'ancienne cour : il serait temps de vous renseigner. De plus, Louis-Charles quitta Versailles à quatre ans et l'habit est beaucoup trop grand pour qu'il l'ait porté à cet âge. Enfin, la précision de "5 ou 6 ans"n'est pas de moi mais de Mme de Rambaud elle-même, contrairement à ce que vous écrivez : lisez la lettre de Geoffroy à Favre, datée du 2 juin 1851.

Vous prétendez que j'élimine les quatre principaux témoignages de manière "expéditive". C'est faux. Je les analyse au contraire sur dix pages de mon livre (passage repris sur internet).

Vous vous permettez de parler des lettres de M. de Joly. Montrez les originaux, svp.

Concernant Brémond, vous omettez de rappeler qu'il a puisé l'idée de sa "cachette" chez l'imposteur Mathurin Bruneau. C'est dommage !

Vous écrivez que N. n'a pas été condamné pour faux-monnayage. C'est faux. La démonstration juridique en a été faite brillamment par M° Garçon, au procès de 1954.

L'identité Werg-N. reste pour moi une hypothèse, certes très intéressante, mais rien qu'une hypothèse. Je l'ai écrit dans le texte que vous incriminez : "Pouvons-nous parler de certitude ? Non." Pourquoi faire croire le contraire à vos lecteurs ?

Quant à la preuve scientifique (l'ADN), en vérité définitive, votre argumentation est pitoyable. Quand la science n'est pas d'accord avec vos désirs, vous la contestez. Que dis-je, vous la niez. C'est un peu facile. On retrouve la même attitude dans le cas du "suaire". Rien de nouveau sous le soleil, comme dit l'Ecclésiaste.

Dans mon livre, j'avais annoncé à l'avance les résultats (p. 261). Je prends à nouveau les paris. Quand on refera l'analyse, les résultats seront identiques. Et, à ce moment, vous serez contraints, pour conserver votre thèse, de prétendre que c'est la méthode qui est inconsistante.

J'espère que vous porterez ce "droit de réponse" à la connaissance de vos lecteurs. Je reste prêt à tout débat, même si la question Louis XVII-Naundorff ne m'intéresse plus.

Bien à vous,

Paul-Éric Blanrue.

Ps : Si vous postez l'article de votre bulletin sur internet, merci de me le faire savoir. Je mettrai cette lettre en réponse sur le site zététique, avec un lien vers celui de votre association.

Pss : Votre Vincent Morlier devrait essayer la cellule de dégrisement : ça calme.


Note du webmaster du site du Cercle Zététique : non seulement Naundorff usurpait le nom des rois de France, mais en plus ses descendants ne se gènent pas pour usurper les fonds de page des autres : à la date où nous écrivons ces lignes, le "droit de réponse" de l'institut Louis XVII sur Internet reprend l'image de fond de la charte graphique du site du CZ. :-))