Même si le recours aux techniques ésotériques par certaines
entreprises ne date pas d'hier, force est de constater que jamais elles
n'ont rencontré autant de succès qu'actuellement. Pour certains dirigeants
d'entreprises ou d'administrations, ces disciplines ont acquis une valeur
et une pertinence qu'aucun travaux scientifiques ne leur reconnaît. Bien
souvent, la pratique de l'entreprise n'est que l'application de la croyance
de son dirigeant. Cependant, devant la médiatisation des thèmes liés au
"paranormal", d'autres décideurs pourraient croire que ces techniques
peuvent les aider, notamment dans le recrutement et la gestion de leur
personnel.
C'est pour aider dirigeants, salariés et personnes sans-emploi à y
voir plus clair que ce dossier a été créé. Quelle que soit sa place dans la
société, chaque citoyen peut être confronté à ces pratiques, illusoires
autant que discriminatoires : il a donc le droit de savoir.
Créé en 1994, le Cercle Zététique a pour but d'enquêter et informer
sur les phénomènes réputés "paranormaux" et l'histoire dite "mystérieuse".
Présidé par Paul-Eric Blanrue, on trouve parmi ses membres d'honneur des
personnalités telles que les Professeurs Albert Jacquard et Henri Broch, ou
l'Illusionniste américain James Randi. Dans notre région , le Cercle
Zététique du Languedoc-Roussillon en est l'émanation et sa représentation
officielle. Nous nous tenons à la disposition de tous pour toute demande de
renseignements, enquêtes ou expériences en rapports avec l'objet de notre
association.
QUELLE EST LA VALEUR DE
LA GRAPHOLOGIE
POUR LE RECRUTEMENT
EN ENTREPRISE ?
UNE METHODE DE RECRUTEMENT TRES UTILISEE PAR LES ENTREPRISES FRANÇAISES...
Selon une enquête réalisée en 1989
(1), 93 % des entreprises s'en
servent pour sélectionner leurs candidats à l'embauche, dont 55% de façon
systématique !
MAIS ABANDONNEE DANS LES PAYS VOISINS !
Après avoir connu un certain engouement par le passé, la
graphologie n'est pratiquement plus utilisée en Allemagne : sa validité est
contestée et les demandeurs d'emploi refusent majoritairement de s'y
soumettre.
Aux Pays-Bas, depuis les travaux d'une commission d'enquête
gouvernementale en 1977, concluant au manque de validité scientifique, elle
n'est plus utilisée que par 3 % des cabinets de recrutement (contre 97% en
France). Au Royaume-Uni et en Norvège, elle n'intervient que dans 2,9 % et
2 % des procédures d'embauche... En Espagne, elle n'est quasiment jamais
utilisée. En Europe, seuls les Belges et les Italiens l'utilisent, mais de
façon marginale.
Aux États-Unis et au Canada, la graphologie est à ce point ignorée,
qu'il est d'usage de répondre à une offre d'emploi par une lettre
dactylographiée. Par ailleurs, ni les Asiatiques, ni les Arabes, n'ont
développé de recherche sérieuse dans ce domaine.
UNE FORMATION SERIEUSE, DU MOINS EN APPARENCE...
Trois à cinq années de formation selon des critères précis
dispensés par la Société Française De Graphologie (SFDG) et le Groupement
des Graphologues-Conseils de France (GGCF).
Hélas, l'enseignement dispensé durant les trois premières années
consiste en deux heures due cours du soir par semaine, hors congés
scolaires ! Et les deux années suivantes se résument à huit séminaires
d'une journée... Une formation de Graphologue ne dépasse pas 365 heures !
Soit neuf semaines d'études à raison de 40 heures par semaine. Tout ça pour
juger en quelques minutes, en des termes plus ou moins psychologisant, une
personne.
Et quand bien même la formation durerait dix ans, cela
n'impliquerait pas forcément que les principes de la graphologie sont
valides.
Il existe plusieurs écoles de formation à cette discipline. Des
études démontrent qu'entre deux graphologues issues de la même école, il y
a de nombreux points communs dans l'analyse. Par contre, lorsque ces deux
spécialistes ont suivi une formation différente, les analyses divergent
fortement... Cependant, même lorsque les jugements des graphologues sont
concordants, ils ne sont pas pour autant valides...
LA GRAPHOLOGIE N'A TOUJOURS PAS PROUVE
SA PERTINENCE !
Nombre d'études méthodologiquement correctes, sont négatives pour
la graphologie. Par exemple celle réalisée en 1989 par Ivan Robertson et
Mike Smith, consacrée à l'évaluation de 12 méthodes de sélection de
candidats à l'embauche : la graphologie arrive en dernière position avec un
coefficient moyen de validité nul...
Sur les quatre seules études d'évaluation réalisées à ce jour dans
le domaine professionnel, trois montrent sans aucune ambiguïté que les
inférences tirées de l'analyse de l'écriture n'ont aucune validité
prédictive. La seule étude qui montre un lien positif souffre
malheureusement d'un biais méthodologique : les graphologues disposaient de
certaines données biographiques sur les scripteurs...
En 1993, la Commission nationale d'homologation des titres et
diplômes du ministère du Travail s'est prononcée pour la suppression de
l'homologation accordée depuis 1978 au diplôme du Groupement des
graphologues-conseils de France (GGCF). Motif : les 35 membres de ladite
commission ont jugé, à une large majorité, que les bases scientifiques de
la graphologie ne sont pas établies.
NE PAS CONFONDRE "EXPERTISE EN ECRITURE" ET GRAPHOLOGIE !
Les Experts en écriture travaillent auprès des Tribunaux afin de
répondre à des questions précises, tandis que les graphologues se
contentent d'appréciations subjectives difficilement vérifiables.
L'UTILISATION DE LA GRAPHOLOGIE DANS LE RECRUTEMENT EST ILLEGALE.
Selon la Loi "relative au recrutement et aux libertés
individuelles" (Journal officiel du 1.1.1993), "les méthodes et techniques
d'aide au recrutement des candidats à un emploi doivent être pertinentes au
regard de le finalité poursuivie." La graphologie ne correspond pas à ce
critère.
De plus, cette même loi prévoit que "le candidat à un emploi doit
être expressément informé, préalablement à leur mise en ¦uvre, des méthodes
et techniques d'aide au recrutement utilisées à son égard." Ce qui n'est
quasiment jamais le cas.
(1) "Les méthodes d'évaluation du personnel utilisées pour le recrutement
en France", Marilou Bruchon-Schweitzer et Dominique Ferrieux, L'Orientation
scolaire et professionnelle, 1991, 20, n°1.
Sources : Science et Vie n°900 (septembre 1992); n°906 (mars 1993); n°909
(juin 1993); n°913 (octobre 1993); Le Nouvel Observateur 24 juin 1993.
Valeur de l'astrologie
pour le recrutement en entreprise
Une pratique de plus en plus fréquente
Même si elle reste encore peu utilisée, l'astrologie se répand
doucement dans le monde de l'entreprise. Et il n'est plus rare d'entendre
un dirigeant se vanter de l'utiliser pour choisir ses collaborateurs (comme
Jacques Dessange, en novembre 1995, dans l'émission Ça se discute, France
2), ou de rencontrer des personnes refusées dans un emploi pour cause de
mauvais signe astrologique (J'y crois, j'y crois pas, TF1, 4/4/96).
La prétention de tout voir chez une personne
A partir de la date et des coordonnées de naissance d'une personne,
l'astrologie affirme pouvoir dévoiler un grand nombre d'informations sur
une personne. L'idée peut séduire : la qualité de ses collaborateurs fait
la qualité de l'entreprise. D'où l'importance de ne pas se tromper.
Pas le début de la moindre preuve
Mais l'astrologie constitue-t-elle le bon outil ? Quelles preuves
de sa véracité apporte-t-elle ? Combien d'études méthodologiquement
correctes
viennent corroborer les affirmations des astrologues ? Tout simplement aucune.
Une étude exemplaire...
En 1985, Shawn Carlson, réalise, en collaboration et sous le
contrôle de la principale association américaine d'astrologie, une
expérience rigoureuse visant à vérifier si un astrologue peut définir le
portrait psychologique des personnes. Échec cuisant : les résultats sont
conformes à ce que donnerait le hasard ! En clair, l'astrologie s'est
avérée incapable de cerner le profil psychologique des sujets.
(1)
Par ailleurs, un auteur pourtant pro-astrologie
(2), et reprenant
les conclusions d'un chercheur de la même tendance, signale que "En ce qui
concerne les signes du zodiaque, la méthode des traits de caractère
confrontée à celle des signes astrologiques ne donne que des résultats
négatifs".
Face à ces travaux, l'astrologie n'avance rien de sérieux.
le dogme astrologique ?
Contradictoire et caduc.
L'astrologie serait le fruit de plusieurs millénaires d'études et
d'observations ? Mais la planète Pluton, découverte en 1930, se voit
affublée dès 1936 de la plus grande partie des influences que lui prêtent
aujourd'hui encore les astrologues. Six années ont suffi. Et les planètes
possèdent les caractéristiques qui étaient attribuées, il y a plus de mille
ans, par les Grecs aux Dieux dont elles portent les noms. En clair,
l'astrologie constitue une survivance de la religion polythéiste grecque.
L'astrologie se baserait sur des observations objectives ? Rien de plus
faux : il s'agit en fait de pures spéculations à partir de quelques
éléments (aspect, vitesse...). Prenez la planète Vénus. La douceur de son
teint, d'aspect laiteux, en a fait la planète de la douceur et de la
beauté. Hélas, les sondes spatiales envoyées dans son atmosphère ont révélé
que ce bel aspect était due à une atmosphère fortement chargée en souffre
et acide sulfurique, à tel point que les instruments ne pouvaient résister
plus de quelques minutes... Si les anciens avaient su cela, auraient-ils
adopté la même symbolique ?
L'astrologie prétend que la position des planètes au moment de la naissance
(plus précisément lors du premier cri) confère à l'enfant son patrimoine
psychique. Alors, pendant neuf mois, rien ne le toucherait ? Et pourquoi
limiter l'instant au premier cri ? Et quelle est la valeur de l'heure
inscrite à l'État civil, alors qu'une simple erreur de quelques minutes
suffit à modifier les influences censées toucher l'enfant ?
Il n'y a pas une astrologie, mais des astrologies. En Occident,
l'astrologie la plus utilisée est l'astrologie tropique. Mais une forte
minorité d'astrologues utilisent l'astrologie sidérale. Si vous êtes
Poisson pour l'astrologie Tropique, vous voila Bélier pour la Sidérale !
L'astrologie chinoise, quand à elle, utilise très peu les planètes, se
contentant du Soleil et de la Lune. Quand au signe, il est attribué selon
l'année... Il existe aussi une astrologie égyptienne, hindoue, aztèque...
Malgré leurs contradictions, aucune d'entre elles n'est plus juste ou
fausse que l'autre. Chacune a son petit succès. Question de mode. Mais
surtout, chacune est le fruit d'une culture.
L'astrologie ne tient pas compte de la profondeur du ciel. Pour ses
calculs, elle place toutes les planètes à la même distance. Pourtant, une
planète comme Mars évolue entre 4 minutes-lumière et 20 minutes-lumière de
la Terre selon les époques : pour les astrologues, pas de différences. Mais
si la distance ne joue pas, pourquoi l'astrologie se limite à notre seul
système solaire ? En fait, le dogme astrologique s'est construit à une
époque où la profondeur du ciel était inconnue : les connaissances ont
évolué. Pas l'astrologie.
L'astrologie n'a rien à voir avec l'astronomie. Le zodiaque qu'elle utilise
est totalement fictif et faux. Il ne correspond pas aux constellations,
n'est pas assez large pour pouvoir placer toutes les planètes dessus,
comporte un nombre de signes inexacts (12 au lieu de 13), ces signes sont
tous égaux alors que les constellations sont de tailles diverses, les
planètes et leurs particularités sont ignorées...
L'astrologie ne prend pas en compte la masse des planètes, mais se
sert du phénomène des marées (du à la masse de la Lune et du Soleil) pour
montrer que les planètes ont une influence sur nous...
L'astrologie aligne son zodiaque, dont le premier signe est celui
du Bélier, sur le premier jour de printemps car "l'homme est un être de
saison", alors qu'elle devrait le faire débuter lors de l'entrée du Soleil
dans la constellation du Bélier. De plus, si le signe du Bélier correspond
au printemps dans l'hémisphère Nord, il tombe au début de l'automne pour
l'hémisphère Sud (où les saisons sont inversées)! Pas de problème, ça
marche quand même...
L'astrologie n'a rien de scientifique
Si les astrologues accolent si souvent le terme de scientifique à
celui d'astrologie, ce n'est que pour tromper le public : l'adjectif
scientifique n'est là que pour dire vrai. Sur le terrain de la science,
cette discipline vieille de plusieurs milliers d'années, n'a pas évolué.
Déjà en 1666, lors de la création de l'Académie des sciences, l'astrologie
ne fut pas admise.
L'utilisation de l'astrologie pour le recrutement est illégale !
Selon la Loi "relative au recrutement et aux libertés
individuelles" (Journal officiel du 1.1.1993), "les méthodes et techniques
d'aide au recrutement des candidats à un emploi doivent être pertinentes au
regard de le finalité poursuivie." L'astrologie ne correspond pas à ce
critère.
De plus, cette même loi prévoit que "le candidat à un emploi doit
être expressément informé, préalablement à leur mise en ¦uvre, des méthodes
et techniques d'aide au recrutement utilisées à son égard." Ce qui n'est
quasiment jamais le cas.
Enfin, introduire le critère astrologique dans le recrutement
revient à considérer que des personnes sont "bien" ou "mal" nées, ce qui
constitue bel et bien une discrimination dénoncée clairement par la Charte
internationale des droits de l'homme, et la législation
anti-discriminatoire de la République française.
En utilisant l'astrologie, on prend le risque de passer à coté de personnes
compétentes et parfaitement adaptées au poste à pourvoir.
En plus du surcoût que ces pratiques représentes,
le présent et l'avenir du candidat et de l'entreprise sont mis en péril !
(1) S. Carlson, A double-blind test of astrology. Nature, 1985, 318.
(2) S. Fuzeau-Braesch, L'astrologie, Que sais-je ? 2481, PUF, 1989.
Voir aussi :
- Au coeur de l'extraordinaire, Henri Broch. L'horizon chimérique, Bordeaux, 1992.
- Astrologie : science, art ou imposture ? F. Lequevre. L'horizon chimérique,
Bordeaux, 1991.
Biorythmes
et gestion du personnel
La théorie des Biorythmes
Créée à la fin du siècle dernier par le médecin berlinois Wilhelm
Fliess, enrichie vers 1920 par un ingénieur autrichien nommé Teltscher, la
théorie biorythmique que nous connaissons aujourd'hui peut se résumer ainsi
: l'homme est régit par trois cycles qui démarre à l'instant de la
naissance. Un cycle physique de 23 jours, un cycle émotionnel de 28 jours,
et un cycle intellectuel de 33 jours. La consultation du graphique de vos
biorythmes est censée vous informer sur votre état dans ces trois domaines,
dans le présent ou le futur...
Cette présentation est à enrichir de quelques renseignements sur
les créateurs de la théorie biorythmique. Wilhelm Fliess a vu ses travaux
très rapidement rejetés comme excentriques par toute la communauté
scientifique, et son ouvrage principal est une curiosité intellectuelle :
Les relations entre le nez et les organes génitaux de la femme. Quand à
Teltscher, aucun document direct n'est disponible sur lui...
Une technique encore peu employée, mais...
Bien qu'il soit difficile d'en connaître l'ampleur, cette technique
sert dans des entreprises, notamment celles à vocation commerciale, afin,
par exemple, d'évaluer le "potentiel" d'une personne le jour de la
discussion d'un contrat important. Mais le succès qu'elle rencontre auprès
dans la population pourrait favoriser le recours plus fréquent à cette
théorie de la part des entreprises.
C'est déjà le cas aux États Unis et au Japon, où, selon les
défenseurs de cette théorie, plus de 5000 entreprises l'utilisent avec
succès.
Ne pas confondre biorythmes et rythmes biologiques.
L'homme est rythmé par différents cycles : le circadien (± 24
heures), les cycles du sommeil, etc. Une branche de la biologie, la
chronobiologie, s'occupe de leur étude. Les trois rythmes utilisés dans la
théorie biorythmique ne correspondent à aucun des rythmes trouvés et
étudiés par la chronobiologie. De plus, aucun des rythmes biologiques n'a
le caractère fixe, immuable et mathématique des biorythmes. Au contraire,
leur variation entre les personnes, et chez la même personne selon les
moments, dépend le plus souvent de leur environnement. Enfin, si les
biorythmes commencent simultanément à l'instant de la naissance, les
rythmes biologiques se mettent en place à des moments différents, voire
avant la naissance.
Les biorythmes réfutés par l'expérience !
Jean-Bruno Renard, Maître de conférences en sociologie à
Montpellier-III, rappelle qu' "aucune des études statistiques qui
prétendent démontrer l'existence des biorythmes n'est fiable. Inversement,
plus d'une vingtaine de recherches sérieuses ont démontré qu'il n'existait
aucune corrélation entre les événements de la vie et les positions
biorythmiques".
Henri Broch, Professeur de physique à l'université de Nice, s'amuse
avec la théorie biorythmique. Difficile de croire que chacun des cycles
puisse correspondre exactement à sa durée annoncée (par exemple, 28 jours,
0 heures, 0 minutes, 0 secondes, pour le cycle émotionnel). Broch fait une
simulation avec 27,98 jours. Écart bien maigre de 7 dix-millièmes par
rapport à la théorie. Mais qui donneront un décalage de 2 jours au bout de
7,7 ans. Et de dix jours vers 38 ans. La théorie n'a alors plus aucune
valeur !
Aujourd'hui, malgré les titres qu'ils s'auto-attribuent, aucun
"spécialiste" des biorythmes n'appartient à la communauté scientifique.
La théorie biorythmique, malgré son apparence, n'a rien de scientifique. Et
reste sans valeur.
Sources :
- Le paranormal, ses documents, ses hommes, ses méthodes. Henri Broch, Points
Sciences, Paris 1989.
- Biorythmes, l'apparence de la science. Jean-Bruno Renard. Sciences Humaines
n°53, août-septembre 1995.