Cercle Zetetique

OVNI : UN NUMERO SPECIAL OVNI VRAIMENT HORS SERIE

par Éric Maillot

Vous pouvez réagir à ce dossier dans son forum en ligne associé.


Si les ovnis vous intéressent, vous avez certainement survolé ou dévoré le numéro Hors Série de VSD sorti en juillet 1998. Je vous invite à le relire ensemble, pas à pas, pour vous montrer comment la presse peut leurrer le public sans difficulté avec des arguments d'autorité et des fausses preuves scientifiques.

Ce dossier est un complément au dossier préliminaire OVNI : quand des scientifiques trompent le public, qui était une analyse "à chaud" de ce numéro spécial.

Le récapitulatif historique de l'ufologie commence déjà très fort : En page 8 nous retrouvons la photo du Capitole survolé en 1952 par des ovnis qui ne sont que la réflexion des rangs de luminaires situés devant le Capitole (voir la revue "les Mystères de l'Est" n°4 du CNEGU). Puis en page 10, voici la photo prise à Tokyo le 19 septembre 1973, elle aussi est expliquée (voir même n° des MDE) avec certitude comme étant un reflet inversé d'un lampadaire. On vous fait donc prendre des lanternes pour des ovnis!

En page 11, c'est la photo d'un tir de missile observé depuis les Canaries le 22 juin 1976 qui nous est présentée comme un ovni détecté au radar. Chacun pourra constater que ces cas, destinés à reconstruire l'histoire de l'ufologie, sont essentiellement étrangers donc difficilement vérifiables. C'est un truc très utilisé.

Vient ensuite Roswell qui nous est présenté sur quatre pages. L'explication par le ballon Mogul (probablement la bonne) tient en 5 lignes qui sont ensuite balayées en concluant que le ballon top secret était connu du public depuis août 1947. Tout le travail de Pierre Lagrange qui publia un ouvrage sur ce sujet est ignoré et réduit à néant en une phrase. C'est dur.

Tiens, nous voilà en France! Avec Tananarive en 1954... A croire qu'il n'y eut aucun cas plus proche, plus vérifiable en 1954. Encore une fois, c'est loin donc difficilement vérifiable. Comment ne pas s'empêcher de rire quand on la chance (comme moi) d'avoir eu un grand-père, né et ayant vécu à Madagascar, qui a lui même observé ce... bolide, filant sans aucun double virage comme le prétend la revue LDLN de Joël Mesnard. Faites faire un zig-zag a un météore qui file droit (dans le plan vertical) et vous avez un ovni.

Valensole : L'hypothèse explicative de ce cas existe et n'a jamais été vérifiée sérieusement (confusion avec un hélicoptère et ses pilotes + fabulation de détails). Ce dossier douteux est en cours d'examen.

Trans en Provence: Nous apprenons que l'ovni reposait sur trois pieds (p18 co b/ 1er §) au lieu de 4 (ou 2?) officiellement. "L'ovni de Trans amputé! ", c'est un scoop. On sent que les conseillers techniques ufologueset scientifiques sont à la hauteur...C'était bien la peine de citer la note technique du GEPAN. Voir le dossier complet de Trans-en-Provence bientôt sur le site C.Z (zetetique.ldh.org).

L'Amarante : Dossier complexe en cours d'examen... Reste Non Identifié pour l'instant. Des incohérences notables existent en ce qui concerne les effets électro-magnétiques mis en avant. De plus les échantillons de plantes furent en réalité inexploitables suite à une erreur de méthodologie de prélèvement. On ne le dit surtout pas...

Gretz-Amainvilliers : Ce serait le seul lieu où la rentrée atmosphérique de l'étage de fusée Proton du 5 novembre 1990 n'était pas visible à 19h puisque Jean Gabriel Greslé (témoin et conseiller de ce VSD!) ne l'a pas vue. Son ovni était tellement grand qu'il la masquait probablement! Et les autres témoins indépendants, penserez-vous. Ce sont les disciples du Maître Aïkidoka Greslé. Une belle preuve d'indépendance... La vraie raison de le croire : tout le monde sait parfaitement qu'un pilote d'avion, ex- commandant, ne se trompe jamais.

Coïncidence, voici que, page 20, des "Pilotes et scientifiques parlent". Voyons donc ces témoignages de

la caste des "intouchables infaillibles" :

  1. Le vol Air France du 23/01/1994 est un régal :
    • 2 témoins, et pas des moindres (le steward et la copilote) identifient un ballon; le cdt pense à un avion "qui vire à 45°" mais se ravise pour un ovni. Ceci ce comprend mieux quand on sait, détail non pas précisé dans VSD, que ce dernier croit au livre du Lt Cl Corso dur comme fer (info obtenue auprès du témoin!) Le SEPRA, mis à part des arguments nébuleux, est incapable de fournir une preuve de l'élimination des deux explications les plus probables, ballon ou avion. Seuls les ovnis volent dans ce secteur, c'est bien connu.

      Ballons meteo

    • Le schéma du radar, en illustration, prouve que la "corrélation parfaite" entre visuel et radar (p53 col c/) n'existe que dans la tête du SEPRA puisque l'ovni est à gauche de l'avion (vers Paris) et que l'écho est à droite de l'avion! Mieux l'ovni-écho va à 185km/h et disparaît au bout de 50s...au dessus de l'aérodrome de Coulommiers, si l'on regarde une carte. Alors un écho d'avion à l'atterrissage? Non, parasitage ou mimétisme, sans aucun doute! J.J Vélasco ne semble pas sur de la durée de l'écho puisqu'il déclare dans la revue Facteur X n°41 p1137 que l'ovni fut suivi au radar durant...6 minutes!

      Schema de l'observation

    • Sur le schéma radar que le SEPRA a remis à la presse (Match et VSD), la balise de Brétigny est en fait celle de Bray notée BRY sur les cartes aériennes! C'est une erreur du Centre Opérationnel de la Défense Aérienne, nous répondra J.J Vélasco... (Pour plus de détails, voir sur le site internet C.Z : "OVNI, Quand les scientifiques trompent le public" et "la réponse des experts").
  2. Les échos radars des F16 belges : Le pilote reconnaît non seulement ne pas avoir vu de ses yeux un ovni mais aussi ne pas avoir identifié une flamme de raffinerie (p.25 col b/) éclairant les nuages, ce qui prouve bien qu'il est infaillible! Aucune mention de l'inversion thermique de cette nuit là, ni des explications de ces échos désormais identifiés comme faux-échos par le Pr Meessen lui-même à la TV, à la radio.
  3. Le commandant Greslé, alors qu'il est pilote d'Air France voit une rentrée atmosphérique le 27 juillet 1984 à 23h50 au dessus du Michigan et sa vie bascule dans la croyance aux E.T. Vérifier auprès du NORAD ou des réseaux de surveillance de météores serait trop difficile. Voilà comment on devient spécialiste ufologue et conseiller technique à VSD. Pour se convaincre de la fiabilité du jugement des pilotes, il est nécessaire de lire les pages 26 et 28-29 du livre "Hypothèse extraterrestre" ou Jean Gabriel Greslé déclare avoir poursuivi avec 4 autres pilotes chevronnés... la planète vénus.
  4. Revoilà la rentrée du 5 novembre 90, vue d'avion cette fois à Gaillac par un pilote... d'Air France (NDA: Je ne risque rien puisque je ne prends pas l'avion). Le SEPRA/CNES certifie qu'il s'agit d'un phénomène expliqué mais ici on ne semble pas croire M.Vélasco (désormais nouveau conseiller technique de VSD).
  5. Au japon, le 17 novembre 1986 deux avions (un long courrier et un cargo militaire) n'observent pas l'immense ovni que voit pourtant le cdt japonais. C'est une preuve comme on en voit peu...
  6. Thomas Mantell qui poursuit un ballon sonde et meurt. L'affaire est connue. Encore une preuve!
  7. Au dessus de Chaumont, un pilote de mirage IV voit un ovni. A moins que ce ne soit un mirage ce qui expliquerait qu'il n'inquiète pas les radaristes au sol... Blague à part, nous dirons cas Non Identifié à creuser quand même.
  8. Le 30 novembre 1995, alors qu'il vient juste d'être dérouté d'une zone militaire (Melun-Villaroche) et qu'un AWAC tourne dans le secteur, un équipage d'Air Inter décrit un engin militaire secret rectangulaire du type "Tacit Blue" en vol à moins que ce ne soit un ovni avec des peintures Gordini. Le rapport Airprox déposé par le pilote est resté sans suite. Quoi d'étonnant quand on sait qu'il en est déjà de même pour les Airmiss, mettant en danger des passagers civils, avec des avions militaires identifiés. Cela tous les pilotes le savent! VSD ne le dit pas.
  9. 23 septembre 1975, deux pilotes voient quelque chose que le radar... ne voit pas. A creuser par curiosité. Mais les rapports militaires sont de bons alibis puisque quasiment invérifiables par un enquêteur privé.
  10. Le 19 septembre 1976, l'armée américaine testait-elle une arme du type missile contre-mesure (E.C.M) capable de neutraliser les Phantom Iranien fabriqués par les USA?
  11. Le cas dit de "Tours" par J.Jacques Vélasco. En y regardant plus près, il se déroule près de Poitiers. On mesure ici la précison toute scientifique du SEPRA. Un élève pilote (pas encore colonel!) volant dans la direction E/S.E panique en voyant une météorite venir vers lui. Le SEPRA n'a pas vérifié qu'il existait, justement sur l'horizon, un essaim actif début mars, à l'E/SE à l'heure indiquée : les Virginides. Il suffit d'un planiciel pour le constater. Un bolide sporadique est aussi plausible. Venant de face, sa trajectoire courbe peut donner l'illusion, en altitude, d'une montée puis d'un angle droit avant de foncer vers l'avion.
  12. Le commandant Michel Asseline voit un ovni. Voilà une belle preuve qu'un pilote ne commet jamais d'erreur de jugement. Mauvais jeu de mot quand on se rappelle le crash d'un A320 à Habsheim... Preuve aussi qu'un pilote n'est pas formé pour identifier un bolide naturel traversant le ciel Nord-sud en dix secondes! Le 3 Janvier, c'est le maximum des Bootides ou Quadrantides. Vérifions sur un petit planiciel à 21h TU. Bingo! Le Bouvier est bien au Nord et à l'horizon pour un avion en altitude. La chose a été ignorée de l'expert du CNES, J.J Vélasco ou bien il nous cache les explications possibles.
  13. Montélimar 18 février 1988 : Le pilote, enseigne de vaisseau, voit un ovni. Mais le commandant d'un vol d'Air Inter, qui le voit aussi, lui dit que c'est un avion. Probablement un effet de reflet du soleil couchant sur un avion. Ce type de méprise est fréquent. Encore une preuve solide!

Alors, êtes-vous toujours convaincus de l'infaillibilité des pilotes et des scientifiques qui vous parlent d'ovnis solides ou de preuves sérieuses?

Vague belge : Le colonel De Brower a pris du galon (major Général) depuis qu'il est entré dans le jeu de la SOBEPS et de la chasse à l'ovni. Chacun interprètera sa promotion comme il veut en terme de compétence et de service rendu à sa nation. On notera qu'il n'a pas l'air informé de ce que fabriquait l'OTAN durant la vague belge. Pas banal... Tout comme le fait que des gendarmes belges voient même des AWAC qui n'existent pas (p36 col b/) d'après ce haut gradé. Il déclare même qu'il n'existerait aucun engin capable d'éclairer un terrain de foot (p37). Un général d'armée qui ne connaît pas la puissance des projecteurs d'hélicoptère ou qui croît encore que l'oeil est un instrument de mesure aussi fiable qu'une cellule photoélectrique? Une interview orientée et bourrée d'incohérences.

En illustration, les archives choisies de la SOBEPS. Je les ai lus, ces fameux rapports, et je sais ce qu'ils contiennent. Rarissimes sont ceux où des explications prosaïques du type hélicoptère ou avion ont été vérifiées et rendues caduques avant de parler d'ovni. A tel point que le portrait robot, établi par la SOBEPS sur des statistiques de centaines d'ovnis belges, ressemble a du connu en aéronautique. Il faut un certaine dose de crédulité pour penser encore que 3 feux blancs et un rouge clignotant, c'est un mystère...

La Photo du 5 novembre 1990

Page 38 : Voilà le tour du SEPRA. Il est relooké, scientifique puisque du CNES, c'est notre expert national J.J Vélasco. Mieux, il est crédible puisqu'il identifie des ovnis. Pour nous le prouver, il nous livre des photos de la rentrée atmosphérique du 5 novembre 1990. On ne précise pas que ce phénomène fut identifié à l'époque non pas par l'expert Vélasco, sensé prévenir (avant et pas après) la population d'un tel risque, mais par M.M Nérinck et Karcher qui n'ont rien à voir avec le SEPRA! Le SEPRA s'est alors approprié l'explication dans la presse. Comble de l'ironie, les 3 photos de VSD sont trois photos (de Ph.Ughetto) montrant des feux anticollision d'avion de ligne et d'hélicoptère pris en pause. Ce n'est pas tout, elles sont prises à 18h44, la rentrée ayant eu lieu après 19h00... On sent bien la compétence de l'expert spécialisé en rentrées atmosphériques et des conseillers de VSD. Cette ineptie était déjà parue deux fois dans Paris Match, il ne s'agit donc pas d'une erreur de presse ni d'un poisson d'avril.

La Photo du 5 novembre 1990 (couleurs)

Avec les objets identifiés des pages 43 à 45, on revient dans le réel. Dommage que l'on montre le "lit- cage" de la NASA (photo p.43) comme étant l'explication de l'ovni de Socorro. Où est la ressemblance? Où sont les arguments? Il y a des debunkers qui poussent le bouchon un peu loin. Ouf! Ce n'est pas un debunker qui prétend celà. C'est un sociologue "spécialiste" du dossier ovni. De la part d'un spécialiste, on comprends mieux.

Vous êtes maintenant armés pour continuer seul votre relecture de ce VSD. Vous devez maintenant avoir assez d'éléments pour mesurer la valeur des propos tenus lors des interviews au Fouquet's ou du contenu du rapport de Pocantico. Regardez maintenant dans les autres revues et sites web s'il y a des commentaires sur ce numéro vraiment... Hors Série!